C’est la dernière marotte de l’industrie, en panne de leviers de croissance technologique des ventes de SSD : des SSD toujours plus rapides, atteignant plusieurs Go/s, grâce au passage en PCIe qui ne les limite plus autant que le SATA.
Le bon en performance est en effet significatif : après plusieurs années à plafonner à ~550Mo/s, on se retrouve avec des vitesses qui ne font que croître et des records de Go/s fréquemment battus… À tel point que si je donnais une valeur du record actuel, elle serait probablement dépassée en l’espace de quelques semaines.
Bon, tout ça c’est joli sur le papier, mais en pratique et au delà des arguments marketing, est-ce que ça nous apporte vraiment quelque chose de palpable au quotidien ?
C’est quoi la différence entre un SSD SATA et un SSD NVMe/M2/PCI-E ?
Objectif prévention de l’overdose de termes techniques… ?
Faisons le point : il existe deux grands types de connectique pour les SSD, le SATA et le PCIe (ou PCI express). Le SATA est la connectique historique utilisée pour les disques durs puis par les premiers SSD, sous forme de câble. Le PCIe quant à lui est une connectique utilisée par les cartes-mères pour y raccorder d’autres cartes (notamment cartes graphiques). Le SATA est limité dans sa version actuelle (SATA 3) à environ 550Mo/s, alors que le PCIe peut monter beaucoup plus haut (plusieurs Go ou dizaines de Go/s).
Les SSD qui se branchent sur un port PCIe sont de type NVMe (pour Non-Volatile Memory express), qui est un protocole de communication des données. En pratique, l’un où l’autre de ces deux termes indique que le SSD n’est pas limité par la vitesse de la connectique.
Le M.2 est simplement un format de connectique, avec des SSD qui ont un format proche des barrettes de RAM. La majorité des SSD au format M.2 sont des SSD NVMe, mais il en existe en SATA.
En savoir plus
En effet, à l’heure où beaucoup de blockbusters (AAA comme on les nomme dans l’industrie) passent la barre des 100Go d’espace de stockage -ce qui est notamment une conséquence de l’augmentation des exigences de qualité visuelle et de définition des rendus, ainsi que des besoins d’optimisations- on pourrait se demander si des vitesses de lecture 2, 4 ou 6 fois plus rapides ne seraient pas utiles pour que les temps de chargement ne s’envolent pas.
Et bien… Pas vraiment.
Que ce soit dans des tests en aveugle…
… ou via des benchmarks, et bien la différence n’est pas flagrante. Au mieux, 10-15% de gain, soit quelques secondes, pour un matériel dernier cri nettement plus onéreux.
NB: par contre on peut remarquer que le passage du disque dur au SSD est significatif, avec des différences 30 à 50%, quelques dizaines de secondes pour le meilleur. Un confort certain, mais qui reste cher.
Conclusion et élargissement à d’autres domaines
Comme on l’a vu, l’intérêt d’un SSD en PCIe pour jouer oscille entre aucun et vraiment peu de choses… N’en déplaise à l’industrie qui voudrait que l’on renouvelle plus vite nos matériels, qui tiennent maintenant aussi longtemps qu’un disque dur et sont largement suffisant pour la majorité des usages grands publics.
Mais plus largement, est-ce que ça aurait un intérêt par exemple pour l’usage quotidien de nos systèmes d’exploitations ?
Et bien je n’ai pas de benchmark sur ce sujet, mais cela me semble très improbable: les quantités de données manipulées à chaque instant sont très faibles, en tout cas bien plus qu’au chargement d’un jeu. Le stockage est loin d’être limitant. C’est aussi ce que je constate au quotidien.
Même chose en rendu 3D, où le temps d’écriture est négligeable par rapport au temps de rendu.
En gros, un SSD montant à plusieurs Go/s ne se justifie vraiment qu’en cas de besoin de transferts fréquents de gros et/ou nombreux fichiers de plusieurs dizaines de Go, ou de tâches très gourmandes en écriture et très limitées par le stockage.
Dans la pratique, si vous n’avez pas de besoin spécifique, vous ne verrez pas la différence avec un SSD SATA.