Test d’une bonnette Raynox DCR-150 montée sur un Lumix FZ300: macro, macro bien ou quoi ? Beaux, net et précis l'maquereau ?Temps de lecture : ~26 min

Tout a commencé sur une idée fugace, un jour que je traînais dans les réglages de mon appareil : « ah mais c’est vrai, on peut ajouter une lentille pour faire de la macro sur cet appareil ! ». Presque un coup de tête, qui m’a fait rechercher ce qu’il était possible de faire avec… et 2 semaines plus tard, voilà que je fixais une bonnette DCR-150 au bout de mon fidèle FZ300.

Bonnette macro tenue entre deux doigts, des fleurs floues discernables dans son optique
Rond flou sur contour net… pas facile d’être original dans les photos de présentation d’une bonnette 🙃

Je souhaite donc vous faire un retour sur ce choix, d’autant que les retours d’expériences documentés en français sont assez rares.
Je vais commencer par présenter mes motivations dans le choix d’une bonnette (et celle-ci en particulier), sa praticité d’utilisation, après on parlera technique et du résultat en photo, avant un retour plus personnel sur ce que m’apporte cette bonnette.

NB : avant de l’acheter je n’y connaissais pas grand chose au matériel dédié à la macrophotographie, et à peu près aussi peu à la « théorie » (caractéristiques des optiques, grandissement…). Je me suis renseigné assez rapidement, et sans tout comprendre avant de pratiquer et de refaire quelques recherches théoriques ensuite. N’espérez donc pas un avis très renseigné d’un expert en (matériel) macro ;), capable de juger ce qui est le mieux entre toutes les optiques existantes… je vais même probablement faire des erreurs dans le vocabulaire technique.
Je vais essayer d’expliquer quelques notions clés que j’ai pu découvrir depuis (autant partager tout ça 🙂 ), mais cet article n’est pas une introduction à la technique de la macrophotographie – je ne suis pas bien placé pour ça, et il sera déjà assez long 😀 , et je suppose que si vous êtes arrivé⋅e là avec les mots clés du titre, c’est problème que vous êtes déjà un peu renseigné⋅e 😉

Avertissement : contenu sensible

Cet article contient des images d’invertébrés en (très) gros plan, yeux compris.
Les plus gros plans sont masqués par défaut, mais je n’ai pas trouvé de solution technique satisfaisante pour masquer toutes ces images par défaut. Si vous y êtes sensible je vous invite à lire cet article sans les images.

Pourquoi le choix d’une et de cette bonnette macro ?

Généralement, quand on pense macro, on pense d’abord à «objectif macro» ou encore bague allonge… Sauf que bridge oblige, l’objectif n’est pas interchangeable. Il ne restait plus qu’une optique à insérer sur l’objectif.
C’est là qu’interviennent les bonnettes. Grosso modo, c’est une loupe qui va permettre de focaliser la lumière, ce qui va permettre à votre appareil de faire la mise au point beaucoup plus près qu’en temps normal… et donc de bénéficier du « zoom » qu’il vous offre pour des objets (très) proches.
Le choix d’une bonnette macro est donc le seul disponible sur un bridge.

Il en existe des basiques bon marché, ou des modèles acromatiques comme cette DCR-150, qui est donc peu sujette aux aberrations chromatiques et au vignettage.
De plus on ne perd pas de lumière avec un bonnette macro. C’est critique pour un appareil qui ouvre certes à f2.8, mais qui gère très mal la montée en sensibilité (petit capteur oblige). Perdre en lumière serait probablement synonyme de photos inexploitables (sans trépied ?) hors plein soleil (rarement esthétique…).

Pourquoi ce modèle ?

Attention, overdose de noms industriels en vue…

On trouve la DCR-150 aux alentours de 60-70€, parfois moins en promo, et encore moins en occasion. Le coût reste donc très contenu (et tant mieux sur un FZ300, certaines bonnettes coûtant plus cher que l’appareil…) et le grossissement semble assez important, avec +4.8 dioptries.
Les bonnettes premiers prix (tout comme les filtres et autres pièces optiques) m’ont été déconseillées : elles sont généralement de piètre qualité, à tel point qu’elles ne sont pas vraiment exploitables (notamment si non acromatiques). Comme alternatives plus coûteuses, on trouve notamment la bonnette officielle de Panasonic, la DMW-LC55. Des retours que j’ai pu lire sur les forums, elle semble (légèrement?) meilleure en terme de qualité. Mais elle se trouve aux alentours de 100€ et n’offre que +2 dioptries. Pour un essai-découverte de la macro, je trouvais ça trop peu intéressant et cher. D’autres bonnettes encore plus chères et qualitatives existent, mais c’était hors budget.
Au même prix on trouve la DCR-250, +8 dioptries. C’était clairement trop puissant, et, même si ça permet de réellement rentrer dans le monde de la « vraie » macro (sous le 1:1)… avec un trépied ! De plus ça implique d’être vraiment proche (12cm…) du sujet, ce qui est difficile pour les plus farouches et peu compliqué la tâche à cause de l’ombre qu’on pourra lui faire…

Quand au choix du grandissement, peut-être suis-je parti sur un grandissement aussi « fort » (il reste plutôt intermédiaire) par crainte d’avoir un gain trop faible pour avoir un réel intérêt… on verra ensuite si c’était un bon choix.

À l’usage : ergonomie et praticité

La bonnette ne se visse pas sur l’objectif, car elle est trop petite. Un adaptateur est fourni, il vient juste se « clipser » sur l’objectif en pressant deux « branches » (cachant deux ressorts) qui repoussent les supports de fixation le temps d’insérer l’ensemble.
Le tout donne quelque chose de visuellement un peu massif, avec les deux branches qui dépassent de l’objectif (attention en posant l’appareil, si c’est orienté trop verticalement, ça va toucher…). Ce n’est pas vraiment gênant, mais on peut avoir tendance à accrocher les branches et à extirper la bonnette par mégarde… et c’est la chute.

Ce système se démonte et remonte assez vite.
Et parfois quand vous apercevez au loin un animal (qui ne vous a pas vu car vous étiez penché⋅e dans les fourrés :D), vous l’enlevez très très vite et vous vous retrouvez à caler votre objectif sur le poignet (et le bout d’un doigt sous la poignée parfois) tout en faisant tout le reste à une main… Pas hyper confort, mais impossible d’être aussi réactif s’il fallait dévisser !
C’est finalement plus pratique qu’une bonnette à visser ! 👌
Bonus pratique, on peut remettre le cache de la bonnette alors qu’elle est sur l’objectif. Elle peut même se fixer avec le pare-soleil accroché ! (mais replié côté appareil)

Chose perturbante en photo, à faible focale il faut s’approcher (trop loin pour faire la mise au point), mais souvent en zoomant il nous faut reculer, car on est trop prêt (l’objectif se rapproche). On ne s’y attend pas. Et c’est très sensible, on n’a que ≤5cm de marge à fort zoom. Je passe donc beaucoup de temps à chercher ma zone de mise au point, ce que je n’ai pas du tout l’habitude de faire avec cet appareil en général, et de plus on ne sait jamais facilement si on est trop proche ou trop éloigné… (mais c’est souvent le premier cas)
D’autant plus qu’on travaille à ~20cm de son sujet (distance de mise au point conditionnée par les 4,8 dioptries).
Pour les micro-ajustements de mise au point, bouger le corps plutôt que le doigt est parfois plus efficace pour réduire les tremblements, mais cela demande d’avoir un affichage suffisamment grand pour bien juger de l’effet.

Pour viser, l’écran sur rotule du FZ300 est très pratique : pas de mal de cou ou de dos à se pencher dans le viseur, et incliner l’écran permet de se le caler sur une main (+ poignet), sous le centre de gravité en s’accroupissant par exemple, et d’avoir à la fois plutôt stable, confortablement positionné et relativement mobile tout en voyant bien ce qu’on vise 👌

Pour le transport, c’est un peu plus épais qu’un filtre, mais cela se range assez facilement dans une sacoche. Deux caches sont fournis pour chaque côté de l’optique, et si besoin une boîte rembourrée est fournie (mais elle est volumineuse).

Est-ce qu’un trépied est nécessaire ? Non, mais ça s’envigage

Enfin… c’est utile pour les plus forts grandissements, ou généralement sur les sujets (quasi)statiques – quoique ça complique la mise au point quand on zoome (il faut reculer). En basse lumière, ça me semble être un gros plus.
Pour un sujet sensible au vent (fleur…) c’est intéressant pour ne pas avoir mal à la tête à essayer de s’adapter au tremblement… et se poser en attendant que ça se calme 🙂
Donc pour un sujet statique, ne vous privez pas d’utiliser un trépied, mais ça n’a rien d’indispensable.

Pour un sujet mobile et peu prévisible ? Non, c’est à mon avis quasiment ingérable tellement il faut tout le temps bouger.
En pratique, si à fort grandissement il est bien difficile d’avoir une mise au point précise le temps de prendre un cliché sans trop trembler ni que l’animal bouge, sous les 150mm c’est facile, sous les 300mm c’est difficile mais tout à fait gérable avec de l’entraînement et une bonne posture (le moindre support pour vos coudes change la vie !). Et au dessus de 300mm, le taux de photo floues est encore plus important. Il faut le savoir et l’accepter, être rapide à la mise au point + déclenchement, et multiplier les prises. Mais un trépied sera inexploitable !

Grille de photo affichées en miniature
Attention à «l’effet miniature» : vues en petit ou sur l’écran de l’appareil, certaines photos semblent très sympathiques, mais une fois affichées en grand… c’est flou !

À défaut d’un trépied il faut souvent réussir à trouver un support pour se stabiliser un minimum : à forte focale, on ressent beaucoup plus les tremblements. Bien plus qu’à 600mm d’habitude. En plein soleil on arrive sans problème à photographier en f/5 et 1/1000s, ce qui permet de gérer une photo à main levée sur un sujet peu mobile. Mais sinon c’est trop compliqué…

Et d’autant plus qu’il est difficile d’utiliser le viseur (sans se casser le dos) dans la plupart des situations, ou alors pas dans des positions très stables (donc pas de réel gain de stabilisation lié au viseur). Et à l’écran, c’est trop petit pour vraiment s’assurer d’une bonne mise au point. Donc on fonctionne par essai-erreur et espoir d’avoir une bonne prise.

Techniquement, c’est du bon matériel ? Et ça donne quoi en photo ?

Vous commencez à avoir faim hein ? À vous demander quand je vais vous montrer ce que ça donne ? J’y viens 😉

Macro, proxy, plan rapproché : quelles différences ?

Quand on parle de macrophotographie, revient souvent le débat sur la distinction entre un plan rapproché, une macrophotographie et une proxyphotographie. Les distinctions entre ces catégories (qui grosso modo se résume à définir un « seuil » de grandissement du sujet photographié) sont souvent sujettes à débat, ou de définitions techniques un peu rigides (enfin, les puristes sont rigides là-dessus :p ).
La définition technique est qu’une photo macro a un rapport de grandissement d’au moins 1:1 (facteur de grandissement x1), c’est-à-dire que l’image formée sur le capteur est au moins aussi grande que le sujet photographié. Hors en pratique, cette définition a des limites, notamment quand on parle d’appareil avec des petits capteurs… dont le FZ300.
Dans ce billet, je différencie macro et proxy, mais volontairement de manière imprécise (en « ressenti ») plutôt qu’à partir de définitions standards. Pour moi la frontière est floue, et si je parle de macro pour une image en réalité en 1:2, et bien quelle importance au final, tant qu’on comprend à quoi cela correspond… 🙂

Pour en savoir plus, je vous renvoi vers cet article qui décrit et illustre les différences.

Ainsi il est intéressant de rappeler qu’avec ses 600mm (focale en équivalent plein format) et sa distance de mise au point de 1m, le FZ300 présente un grandissement de 1:13 (x0,08) – mais cette valeur ne doit servir que de comparaison avec le résultat avec une bonnette, et pas avec un capteur de taille différente : si vous comparez avec les valeurs que vous connaissez pour hybride/reflex, vous aurez l’impression qu’il ne grossi que très peu… alors que c’est trompeur !
À titre indicatif, le champ de vision à 1m de distance fait 8cm de large.

À l’usage, il n’est clairement trop juste que de la proxy-photographie ou de la « macro » de sujets de grande taille (ex : grands escargots, papillon, fleurs) qui pour la plupart ne rempliront pas le cadre.

Le graphique suivant permet de se rendre compte du grossissement qu’on peut espérer avec cette bonnette (+4,8 dioptries) selon la focale (réelle) utilisée.

Graphique de correspondance dioptrie + focale = grossissement
Graphique présentant la correspondance : focale + dioptries = facteur de grandissement.
Attention, il faut utiliser la focale réelle (et non l’équivalent plein format). Ici de 4 à 108mm, soit un grandissement maximal d’environ x0,5 (je l’ai mesuré à x0,44).

On voit qu’on n’arrive techniquement pas à de la « vraie » macro (1:1 et mieux) avec cette bonnette… macro (voilà pourquoi elle garde ce nom), et sur cet appareil.
Est-ce grave ? Je ne pense pas, d’autant que le grandissement est déjà largement suffisant pour donner un effet « macro » pour la plupart des sujets de plus de quelques mm.
Pour vous dire, à 600mm de focale et avec la bonnette, le champ de vision (à 20cm) fait ~1,5cm de large. Dit autrement, un sujet d’1,5cm de large remplirait totalement le cadre.

Des photos !

NB: les photos de cette section sont issues de RAW retraités librement – contrairement aux autres photos de cet articles qui sont certes issues des RAW, mais avec un traitement générique et similaire pour chaque image, pour vous montrer l’image la plus « brute » du rendu de la bonnette.

Plutôt thème floral…

Fleur blanche en gros plan sur pistils et étamines.
331mm – f/4 – 1/2000s – 100 ISO (-1/3EV)
…ou plutôt thème invertébrés ? (cliquez pour afficher)
Araignée sauteuse sur fond rougeâtre, presque de feu
Exif: 214mm – f/3.2 – 1/160s – 100 ISO (-1/3 EV)

Les araignées sauteuses ne sont-elles pas les chouchous emblématiques de la macro ?

Araignée en gros plan sur un ongle
À défaut de vaccin 5G, j’attends toujours mes pouvoirs de Spiderman (et les grandes responsabilités qui vont avec).
Exif: 500mm – f/4 – 1/500s – 100

Aspects techniques

Premier changement majeur : l’arrière-plan est bien flou. Et avec un bokeh correct en plus. Ça change, pour un appareil à petit capteur qui nous habitue à un flou de mise au point très limité… et peu esthétique.
Seule exception à la règle, les photos prises à raz le sol, sans autre élément en arrière-plan. Mais le grossissement n’est clairement pas le même. Ceci dit, sur un sujet de grande taille et si l’on veut garder la vue d’ensemble, la bonnette ne permettra pas d’utiliser une grande focale et le flou sera finalement plus faible qu’à 600mm. Exemple:

Sur un sujet proche, de grande taille (papillon, escargot) et sans élément parasite à proximité, les 600mm peuvent faire un travail très correct en proxy-photographie. Ici l’escargot prend environ la moitié du cadre (en largeur), sans recadrage horizontal… contre un peu plus des 2/3 à seulement 135mm avec la bonnette.

Un énorme avantage par rapport aux photos à 600mm et 1m de distance minimale, c’est qu’on se trouve ici à 20cm du sujet.
Illustration pour les deux photos précédentes:

Conséquences: un arrière-plan qui devient (très) flou même s’il est proche (ce qui est très peu le cas à 600mm), et une perspective qui « éloigne » fortement l’arrière-plan (le recul dû au 1m sans la bonnette donne une image à la perspective assez plate). S’approcher peut aussi être un avantage quand il y a beaucoup d’obstacles (aller prendre en photo un insecte dans l’herbe sans faire une grande plongée…), ou à l’inverse faire fuir l’animal ou gâcher l’éclairage ou le reflet.

Photo d'un appareil en train de viser une escargot traversant le chemin

Aucun mollusque n’a été maltraité pendant ce tournage. Enfin, j’espère ne pas l’avoir trop stressé avec mon gros œil de verre à 20cm 😅

Chose intéressante, souvent cet arrière-plan paraît bien flou à l’œil, mais contient encore assez de (faibles) contrastes pour être « déflouté » en re-contrastant les moyens et gros éléments… ce qui permet de donner un peu plus de « présence » à l’arrière-plan (proche).
Exemple:

Compare imagesCompare images

Avec plus de contraste sur les détails du corps et des antennes, on devine plus facilement qu’il s’agit là d’un œil d’escargot. Exifs: f/8 – 1/125s – 400 ISO.

Autre avantage net du petit capteur du bridge : on peut travailler à grande ouverture, donc avec beaucoup de lumière (et heureusement ! Car le capteur gère très mal le manque de lumière), sans avoir une profondeur de champ extra-courte : f/2.8 est tout à fait exploitable (la profondeur de champ est similaire à un f/16 sur du plein format, mais avec 5EV de plus), même si vers 500-600mm la zone nette s’approche du 1mm…
Ceci dit j’ai tendance à travailler dès que possible à une ouverture autour de f/4 qui me semble un bon compromis : à f/2.8 la profondeur de champ est rapidement trop courte, et vers f/8 (maximum de l’optique) elle est souvent un peu trop importante (elle est similaire à du f/45 en plein format…) et surtout l’optique devient assez molle – sans parler du manque de lumière. Je constate à l’usage un seuil empirique au delà de f/5 où l’arrière-plan devient nettement plus présent. Alors qu’entre f/2.8 et f/4 la différence est souvent imperceptible sur l’arrière-plan, lors qu’on gagne clairement en profondeur de champ sur le sujet.

La plage de focale utilisable est importante, FZ300 oblige. Ceci permet également d’exploiter une plage de grandissement importante.
Exemple animé de plusieurs focales (25, 50, 70, 90, 200, 300, 400, 500 et 600mm):

NB : vous pouvez ici remarquer qu’on voit le contour de la bonnette à petite focale… Et oui, elle fait 42mm de diamètre et non 52 comme l’objectif, donc jusqu’à ~70mm le cadrage la laisse visible… de toute façon vous ne vous en servirez jamais en dessous !

Côté grandissement: c’est plutôt beaucoup, probablement trop. Pour les gros et moyens insectes (ex: mouche) et les fleurs, sauf à zoomer sur les étamines, c’est trop recadré, il n’y a plus rien à voir 😄
En fait à main levée et à pleine ouverture c’est quasi inexploitable passé les 300mm et surtout à 600mm. La profondeur de champ est trèèèès courte (≤1mm…). Cela devient intéressant à partir du moment où l’on veut zoomer sur l’œil d’une mouche, ou sur une araignée sauteuse (~5mm) ou plus petit. Avec assez de lumière pour fermer l’objectif. Pour un sujet mobile, on se retrouve donc vite à l’utiliser entre 100 et 300mm et pas plus.

Était-ce un bon choix ?

Le choix technique

La qualité est excellente pour un prix si contenu (60€).
Le piqué est convenable (mais un peu moins sur les bords, de toute façon souvent flous :), mais il vaut mieux penser à cadrer dans les 50% du centre et à recadrer ensuite).
Il y a assez peu aberrations chromatiques, quoiqu’un peu sur les bords et surtout sur les zones de fort contraste (mini-reflets de lumière sur la chitine des insectes par exemple). C’est assez facile à supprimer pendant la retouche. J’ai même l’impression que ce sont les aberrations normales de l’appareil, et non de nouvelles dues à la bonnette.

En fait avec la plage focale du FZ300, cette bonnette de +4,8 dioptries est plutôt typée pour un usage avec un trépied et sur un sujet statique (20cmn, c’est proche… et on manque vite de lumière si on veut une bonne vitesse à main levée) et éventuellement avec un éclairage. Et potentiellement sur des sujets plus petits qu’une mouche (mais pas beaucoup plus, une tique sera déjà vite floue 😅). Elle servira malgré tout très bien pour l’usage à main levée (avec un taux de ratées élevé et pas mal de pratique) en bonnes conditions de lumière (comme le FZ300 en fait).

À la réflexion, il me semble qu’une bonnette avec un plus faible grandissement (ex: +2 ou +3 dioptries, plutôt que +4.8) serait plus adaptée. D’après le graphique précédent, on travaillerait à un grandissement maximal de x0,2 ou x0,3 (soit 1:3). Et je constate que c’est ce que je fais le plus en macro (enfin, « proxy »).
En effet cela permettrait de vraiment profiter de la plage de focales du FZ300, avec une grande variété de grandissements et une plus grande souplesse de cadrage, dont des grandissements tout de même significatifs à 500 ou 600mm… Ainsi avec +3 dioptries j’aurais au maximum (à 600mm) le grandissement obtenu vers 350mm avec +4.8 dioptries, ce qui est déjà bien efficace.
Et une bonnette moins puissante permettrait (surtout ?) d’avoir une distance de travail supérieure, entre 30 (+3) et 50cm (+2), ce qui rend l’approche déjà beaucoup plus gérable avec pas mal d’insectes et devrait être largement suffisant (le long zoom aidant si besoin) tout en me permettant de conserver une ouverture à f/2.8. En effet un papillon à 600mm et pris à 1m rempli déjà un quart du cadre, à 50cm et avec +2 dioptries, on doit déjà avoir de quoi faire de belles photos « proxy » (voir macro) sans l’effrayer… à 20 cm, c’est plus compliqué ! D’autant plus que vous raterez 90% des clichés.

La bonnette pour faire de la macro

À l’usage, j’ai remarqué un effet secondaire très intéressant: cette bonnette m’oblige à revenir sur un contrôle plus poussé des réglages de mon appareil et de mon positionnement par rapport au sujet photographié. En effet pour mieux gérer la profondeur de champ, la mise au point, l’équilibre bruit/vitesse/ouverture pour avoir un cliché correct, ça me demande beaucoup plus de travail, rapide et instinctif (moins au début 😅) car les sujets sont rarement immobiles. En fait, ça me fait travailler le « feeling du photographe », la sensation « instinctive » (en fait, réflexe et intuitive, à force d’exercice) du comportement physique du tube rempli de verre que j’ai au bout des doigts, et de comment tout cela produit au final une image.
C’est une sensation que j’avais un peu perdue (et parfois oubliée, ça rouille vite 🙂 ) à force d’utiliser un appareil qui finalement a quasiment tout le temps un réglage « one size fits all » – malgré ses fortes contraintes qui obligent à jongler pour obtenir une image potable quand on manque de lumière (tout le temps 😂), je suis tout le temps en f2.8, juste à moduler la vitesse pour ne pas trop monter en ISO tout en gardant une image nette…
Clairement c’est moins « confortable » et un peu plus demandeur (surtout au début ! 🙂 ) mais finalement je trouve ça plus agréable. Qui a dit que la contrainte était source de créativité ? C’est stimulant aussi 🙂

Conclusion

L’avantage du FZ300 avec cette bonnette est la forte plage de grandissements disponible, et secondairement la « grande » profondeur de champ (petit capteur = moins de flou de mise au point). C’est très versatile, à l’image de l’appareil.

Le FZ300 est un appareil déjà très polyvalent (atout principal des bridges). Si à 600mm et 1m comme à 50-70mm de très près il est très convenable pour de la proxy-photographie de sujets relativement gros (fleurs, papillons…), pour une somme contenue une bonnette telle de la DCR-150 lui apporte le petit plus qu’il lui manquait à sa gamme, en permettant de photographier des éléments vraiment plus petits (pistil, fourmi, araignée sauteuse, œil de libellule…) et avec un look plus « macro » (arrière-plan flou, volume bien présent, piqué convenable).
Et outre une ouverture au monde de la macro (ou de la proxy très proche de la macro), pour de la proxy on se retrouve avec plus d’options disponibles: du 50-70mm (meilleur piqué, arrière-plan détaché, moyennement net) ou du 600mm (éloignement avec sujet donc facilité d’approche, arrière-plan assez flou, perspective écrasée) sans la bonnette, et toute une gamme de grandissements avec la bonnette (fort flou de mise au point).
Le tout pour un format et un poids très contenus, ce qui permet de l’emporter partout sans se poser de question, et un montage-démontage assez rapide qui incite à l’utiliser et n’est pas bloquant en cas de bonne surprise aux alentours…

Cette bonnette vient donc apporter un complément abordable, performant et pertinent à un aappareil déjà très versatile 🙂
Cependant une bonnette au grandissement plus modeste (ex: +3 dioptries) me semble plus pertinente pour des sujets de taille moyenne à grande (> petite fourmi).

Je l’ai depuis moins de 3 mois, je ne l’ai pas « tant » utilisée que ça, mais en plus des moments de découvertes -pas très représentatifs, mais toujours précieux- j’ai déjà eu plusieurs bonnes expériences et de bonnes surprises avec. Et ça, c’est chouette, et ça valait le coup. C’est encore trop tôt pour savoir si l’envie va retomber, et les inconvénients de la transporter « au cas où » (hors balades dédiées et souvent planifiées) devenir plus importants que l’intérêt de l’avoir. Mais si jamais elle finissait dans un placard, bah finalement ce n’était ni un gros investissement ni un grand risque financier, elle sera facilement revendue et ça aura bien valu le coup 🙂

2 thoughts on “Test d’une bonnette Raynox DCR-150 montée sur un Lumix FZ300: macro, macro bien ou quoi ? Beaux, net et précis l'maquereau ?Temps de lecture : ~26 min

  1. @lapineige Tout pareil ! J'ai été d'abord déstabilisé par l'utilisation de la bonnette (une 60 sur un 75-300 mm Nikkor).Elle se visse par contre, et effectivement…"Et merde ! Le lièvre !" 😅 Mais good point : Les bonnettes vissables peuvent s'additionner.Encore très noob, je commence à apprécier après 2 ans de pratique. Pareil, obligé de réapprendre à anticiper les mouvements, réapprendre à me positionner, la lumière, le vent, etc, et c'est assez jouissif je trouve de résussir une photo !

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    1. Merci pour ton retour !
      Chouette de voir que je n’ai pas dit trop de bêtises 😉

      Ah et aussi, je découvre qu’on peut répondre depuis le fédiverse avec une photo, qui ne s’affiche pas ici (normal vu que les commentaires ne les gèrent pas ceci dit).

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